Le Trois –

Un soutien-gorge franco-suisse pour dépister le cancer du sein

L’hôpital Nord-Franche-Comté participe à une recherche exploratoire franco-suisse, pour développer un soutien-gorge composé de capteurs permettant de détecter plus précocement le cancer du sein.

L’hôpital Nord-Franche-Comté participe à une recherche exploratoire franco-suisse, pour développer un soutien-gorge composé de capteurs permettant de détecter plus précocement le cancer du sein. Et être une alternative à la mammographie. Dans le nord Franche-Comté, l’UTBM est aussi partie prenante.

2,1 millions de cancers du sein ont été diagnostiqués en 2018 dans le monde. En 2017, 59 000 nouvelles personnes ont été touchées par cette pathologie en France et on comptabilise près de 12 000 décès. Entre 40 et 50 ans, c’est même la première cause de mortalité chez les femmes. « Cette pathologie, détectée à un stade précoce, peut cependant être guérie dans plus de 90 % des cas », indique le docteur Christine Devalland, anatomopathologiste à l’hôpital Nord-Franche-Comté. Au quotidien, elle étudie des prélèvements, notamment au microscope, pour diagnostiquer les cancers.

La spécialiste est la coordinatrice de la partie française d’un projet franco-suisse innovant. Et d’envergure. Le projet SBra. SBra est la contraction de l’expression anglaise smart bra, c’est-à-dire soutien-gorge intelligent. L’objectif de cet outil connecté est de dépister le cancer du sein. L’hôpital Nord-Franche-Comté est inscrit dans ce projet Interreg (un programme européen de coopération territoriale) de 24 mois. Il a débuté en janvier.

Le dépistage, un enjeu de santé publique

Aujourd’hui, le moyen le plus efficace du dépistage du cancer du sein est la mammographie. « Malgré l’efficacité de cette technique, divers freins au dépistage ont été identifiés, dont l’accès aux soins, le caractère inconfortable de la technique et les délais de prise en charge », constate l’hôpital dans son dossier de présentation. Dans les pays en développement, cette méthode, onéreuse, ne peut être envisagée pour un dépistage en masse. En Europe, pour les populations à risque, soumises à de multiples contrôles, cet outil permettrait de limiter l’usage d’une mammographie, un examen radiographique qui utilise des rayons X. « Le développement d’outils de dépistage constitue donc un enjeu majeur de santé publique », constate l’hôpital.

Le docteur Christine Devalland, anatomopathologiste à l’hôpital Nord-Franche-Comté (©Le Trois – Thibault Quartier).

Le centre hospitalier nord franc-comtois dispose d’un institut du sein, qui regroupe une équipe pluridisciplinaire : du radiologue à l’oncologue, en passant par le chirurgien, le plasticien ou encore le radiothérapeute. L’expertise de l’établissement dans les pathologies mammaires est même très reconnue. « Et depuis trois ans, nous travaillons également avec l’université de Franche-Comté », poursuit le docteur Christine Devalland. Un travail est mené autour des réseaux de neurones, associé aux images. Pour un centre hospitalier qui n’est pas universitaire, ce travail de recherches est très intéressant. Et contribue à participer au progrès de la médecine. Il était donc tout à fait légitime que les équipes de l’hôpital s’impliquent dans ce projet de recherche.

La combinaison de deux technologies

L’équipe de l’hôpital sera chargée, au printemps 2020, d’effectuer les essais cliniques de ce projet de soutien-gorge ; l’hôpital Nord-Franche-Comté dispose d’une unité de recherches cliniques permettant de répondre à ce défi. Actuellement, une centaine de recherches y sont menées.

Aujourd’hui, le soutien-gorge est en cours de développement chez le partenaire industriel du projet, ZTC Technology, installé à La Chaux-de-Fonds (Suisse). Aucune image de ce produit, qui devrait avoir l’apparence d’une brassière, n’est donc disponible. Les équipes françaises ont par contre contribué à élaborer le cahier des charges : quel bonnet de soutien-gorge ? brassière ou non ? matière souple ou dure ? quelle matière ? comment récupère-t-on les données ? Autant de questions qui ont leurs conséquences dans la prise en charge des patientes, dans l’utilisation de l’outil, dans son confort ou dans la collecte des données. L’hôpital travaille même avec le département humanités de l’université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM), avec des psychologues, des philosophes ou des anthropologues. Une démarche qui permet d’appréhender et de questionner cette avancée technologique au-delà de la sphère médicale. Et de mesurer son impact social et sociétal.

Les cinq partenaires franco-suisses

  • L’hôpital Nord-Franche-Comté de Trévenans, coordinateur de la partie française
  • L’école nationale supérieure de mécanique et des microtechniques (ENSMM), qui héberge plusieurs laboratoires de l’institut FEMTO-ST, sous tutelle de l’université de Franche-Comté, du CNRS, de l’UTBM et du ENSMM
  • L’université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM), à Sevenans
  • Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM), à Neuchâtel
  • ZTC Technology, à La Chaux-de-Fonds, l’industriel chargé du développement.

Si des projets similaires existent au Mexique, aucun soutien-gorge « intelligent » n’est aujourd’hui commercialisé. La particularité de ce projet franco-suisse réside dans l’association de deux types de capteurs : des capteurs thermiques et des capteurs bio-impédants. On sait qu’une tumeur peut avoir une variation de température de 0 à 8 °C, liée à une inflammation. Le capteur thermique cherche à cibler ces données. Mais c’est le couplage avec les seconds capteurs qui est essentiel. Les capteurs bio-impédants s’appuie sur « une image de la distribution spatio-temporel des produits électriques des tissus », explique le docteur Christine Devalland. Et la présence d’une tumeur modifie cette transmission électrique. « Les signaux seront traités par des approches d’intelligence artificielle (deep learning et transfert learning) », poursuit le médecin. La combinaison des deux résultats doit permettre de fiabiliser le diagnostic. On évoque, aujourd’hui, une dizaine de capteurs par sein.

Le budget de ce projet franco-suisse, financé par des fonds européens, suisses et français, s’élève à 991 000 euros.

Nos derniers articles

Mandeure : un homme reconnaît avoir égorgé un voisin bruyant

Un homme de 32 ans a reconnu avoir égorgé un voisin auquel il reprochait des nuisances sonores, dans la nuit de mercredi à jeudi à Mandeure (Doubs), a indiqué le procureur de Montbéliard.

Arié Alimi : « La violence est une affaire d’État et une décision politique »

Le 14 mars, l’avocat Arié Alimi, militant contre les violences policières, était invité par la Ligue des droits de l’homme dont il est membre pour présenter son dernier livre « L’État hors-la-loi », à Belfort. Une rencontre qui a permis de se pencher sur ses réflexions autour de ce qu’il qualifie de « violence d’Etat ».

Rachat du nucléaire de GE : c’est dorénavant “une question d’Etat à Etat”, selon EDF

Le rachat de la branche nucléaire de General Electric (GE) par EDF, qui tarde à se concrétiser, ne bute plus sur des questions financières, mais sur des considérations géopolitiques, a déclaré mercredi un cadre de l'énergéticien français lors d'une conférence de presse à Dijon.

Découvrez aussi

Accédez rapidement à une sélection d’articles locaux, proche de chez vous dans le Nord Franche-Comté

letrois articles

Soutenez Le Trois

Aidez-nous à installer et développer un site d’informations en accès gratuit dans le nord Franche-Comté! Letrois.info vous propose de l’info locale de qualité pour vous aider à comprendre les grands enjeux de la région de Belfort-Montbéliard-Héricourt, qui constitue un bassin économique et un bassin de vie au-delà des frontières administratives.

Le saviez-vous ?
Votre don est défiscalisable à hauteur de 66%.
En savoir plus

Newsletter

Recevez par email les principales
actualités du nord Franche-Comté,
ainsi que l’information « À la Une » à ne surtout pas manquer !

Vous pouvez vous désinscrire à tout moment. Pour en savoir plus, consultez la page des données personnelles

Proche de chez moi

Retrouvez les derniers articles en lien avec votre commune

Partout avec moi

Téléchargez notre application sur votre smartphone et restez informé !

Petites annonces immobilières

Toutes les annonces de nos agences partenaires

Kiosque

Retrouvez tous les hors-séries de la rédaction autour du nord Franche-Comté.
Emplois, immobilier, industrie… tous les sujets qui vous concernent !

Nouveau

Agenda

Retrouvez l’agenda des sorties, des animations, des spectacles, des expositions, des fêtes et des manifestations sportives dans le nord Franche-Comté.

PUB
Outils d’accessibilité
Rechercher

Plus de résultats...

Generic selectors
Exact matches only
Search in title
Search in content
Post Type Selectors
Même gratuite,
l'info a un prix

Aidez-nous à installer et développer un site d’informations en accès gratuit dans le nord Franche-Comté !

Votre don est défiscalisable à hauteur de 60% sur vos impôts