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Un plan social tout en paradoxes à General Electric

La direction de General Electric et les syndicats Sud Industrie et CFE-CGC ont signé, mardi 3 mars, un avenant au plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) en cours dans l’entité industrielle. L’effectif cible envisagé au 31 mars est dorénavant de 1 300 salariés.

La direction de General Electric et les syndicats Sud Industrie et CFE-CGC ont signé, mardi 3 mars, un avenant au plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) en cours dans l’entité industrielle. L’effectif cible envisagé au 31 mars est dorénavant de 1 300 salariés. Pour un objectif à 1 275 fin 2020. Mais à côté, le fonctionnement de l’usine est chaotique et le projet industriel du site belfortain n’est pas encore validé. Décryptage.

Les demandes de départ de General Electric ont afflué en nombre dès le 6 janvier, date d’ouverture de la première phase de départs volontaires. Trois semaines plus tard, l’objectif cible de cette première phase, de 1 400 salariés, est atteint. Un objectif attendu initialement pour le 31 mars. Les représentants du personnel et la direction ont donc discuté pour augmenter la jauge de départs. Les représentants du personnel ont tenté, dans la même dynamique, d’avoir une nouvelle réduction du plan. Ils ont reçu une fin de non-recevoir.

Mardi, il a été signé un avenant au plan de sauvegarde de l’emploi. L’objectif cible sera finalement de 1 300 au 31 mars. 460 départs volontaires seront donc réalisés au début du printemps, sur un objectif de 485 avant la fin de l’année 2020. « Les 100 dossiers supplémentaires de départs volontaires concerneront uniquement les mesures d’âges, les départs chez Segula, puis les salariés n’appartenant à aucune famille définie dans le cadre de la substitution », détaille Sud Industrie et la CFE-CGC dans un communiqué de presse. « Il s’agira ensuite de réaliser la centaine de mobilités/substitutions internes pour s’approcher de l’organisation cible avant la dernière phase de départ », poursuit le communiqué de presse. Avec comme objectif de n’avoir aucun départ contraint. Ou très peu.

Cyril Caritey, de la CGT, dénonce « une véritable fumisterie », et craint qu’il y ait quand même une « cinquantaine de licenciements contraints » à la fin de l’année. De son côté, Philippe Petitcolin, leader syndical de la CFE-CGC, appelle « à relativiser ».

Une charge 60 % plus élevée que prévu

Si certains salariés sont partis, d’autres sont bloqués. Dans l’usine, le mécontentement se fait entendre. « CFE-CGC et Sud Industrie sont dépassés par les évènements », critique Cyril Caritey. « On n’aurait pas pu imaginer que ce soit un bordel comme ça, acquiesce un syndicaliste signataire de l’avenant, qui dénonce de son côté : Il n’y a pas de [service de ressources humaines] pour gérer le PSE. » Les dossiers ont été étudiés par ordre d’arrivée. Une posture choisie par la direction et acceptée par Sud Industrie et la CFE-CGC. Aujourd’hui, des salariés dénoncent cette méthode, surtout quand on connaît l’identité de certains départs, notamment le directeur général et la directrice des ressources humaines.
Sans recours à cette méthode, « il aurait fallu attendre le 31 mars pour débuter les départs volontaires après avoir déterminé les priorités », rappelle Philippe Petitcolin.

La CGT pointe du doigt, dans la gestion du dossier, le principe de substitution. Une personne non touchée par le plan peut partir si elle est remplacée à son poste, notamment par une personne concernée par le plan. Sauvant ainsi un salarié. C’est le principe défendu par la CFE-CGC et Sud Industrie. « Mais ils n’ont pas fait un cadre assez solide », tance Cyril Caritey, qui parle « d’une erreur politique » des deux syndicats. Sur ce principe de substitution, « on perd des compétences dont on aurait besoin », regrette pour sa part un salarié souhaitant garder l’anonymat, proche des cercles de la direction. Une substitution n’est toutefois possible que si un remplacement est acté.

Nouvelle réunion à Bercy

Ce jeudi, se tient à Bercy le 2e comité paritaire de suivi des accords du 21 octobre. L’occasion de présenter au gouvernement ces axes de travail pour le projet industriel de Belfort. « Il faut que le gouvernement nous aide. Il peut mobiliser des fonds publics pour localiser ces activités à Belfort », insiste Philippe Petitcolin, qui veut « aller de l’avant ». L’engagement de l’État français peut aussi convaincre les Américains de choisir le site belfortain. La CGT a informé, ce mercredi après-midi, le cabinet du ministre qu’il ne prenait pas part à cette réunion. « On a autre chose à faire », annonce Cyril Caritey. Le syndicat veut mobiliser les ouvriers pour « éviter les licenciements contraints ». Sur le projet industriel, il veut surtout que deux machines ne partent pas en Hongrie et que l’on investisse dans l’installation d’une machine, qui usinent plusieurs types de pièces des turbines. Une machine déjà à Bourogne mais qui attend un investissement « d’un million d’euros », annonce Cyril Caritey, pour être installée.

« D’un point de vue industriel, les impacts du PSE sur les performances industrielles de l’entreprise sont considérables », souligne le communiqué. La production est déstructurée. De nombreux managers sont partis. On enregistre des pénalités de retard, des problèmes de qualité, de la désorganisation et la dégradation des conditions de travail, énumèrent la CFE-CGC et Sud Industrie.
Les pertes de compétences liées aux départs massifs inquiètent. « Le plan est largement sur-dimensionné, rappelle Philippe Petitcolin. Depuis le départ (en mai 2019, NDLR), on [avertit] que ce sera une catastrophe. » Rappelant, entre les lignes, que les coupables de cette situation ne sont pas à chercher du côté des syndicats.
39 GW ont été vendues en 2019, soit 60 % de plus que les estimations, sur lesquelles étaient fondées les mesures de restructuration. Le PSE fragilise les capacités de réponse du site belfortain à cette reprise du marché.

10 axes de développement

La survie du site belfortain passera donc par un nouveau projet industrie, en cours de définition. L’un des engagements contractés dans l’accord du 21 octobre, pour assurer notamment des activités de projet, d’engineering et du commercial, à côté de la production. Un projet qui doit être dans l’esprit de l’accord signé en 2014 entre l’État français et General Electric lors de la branche énergie d’Alstom. « Aujourd’hui, le projet industriel avance super bien », salue Philippe Petitcolin. Plus de 60 réunions ont été organisées et 200 salariés ont été associés. « Les talents de l’entreprise se mobilisent », se réjouit Philippe Petitcolin. Mais selon nos informations, la direction ne communique pas ces avancées à l’ensemble des salariés, pour ne pas « compromettre » leur mise en place. Cela ne contribue donc pas à limiter la sinistrose liée aux départs volontaires.

Aujourd’hui, 10 axes de développement ont été retenus, notamment dans la transition énergétique et les services auprès des clients. « Il y a des axes qui tiennent la route, apprécie Philippe Petitcolin. La direction et les syndicats sont sur la même ligne concernant ce projet industriel. On travaille ensemble pour le site de Belfort. » Ce projet industriel est animé par Jules Ngongang. Après cette première phase de réflexion, des équipes vont être constituées pour travailler ces business, qui seront soumis aux Américains dans les prochains mois. Une délégation sera envoyée outre-Atlantique pour les présenter. L’une des questions soulevée par de nombreux acteurs du site belfortain : a-t-on les capacités de convaincre les dirigeants mondiaux de General Electric de mettre en place ces axes de développement ? Ils sont également nombreux à espérer que Patrick Mafféïs, vice-président Europe de General Electric et à la tête du site belfortain, ait l’oreille attentive de Scott Strazik, le grand patron de la division gaz. Il en va de la pérennité du site belfortain à long terme.

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