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Quatre questions autour de l’amende qui menace GE

L’accord de vente de la partie énergie d’Alstom était assortie d’un engagement de création de 1 000 emplois. Il est aujourd’hui acquis que cet objectif ne sera pas atteint, ce qui ouvre droit à pénalités à l’encontre du consortium américain. Ces millions attisent les convoitises. Mais pour quoi faire ?

Pourquoi une amende ?

GE devra payer une amende pour ne pas avoir créé les 1 000 emplois promis lors du rachat de la branche énergie d’Alstom. Lors de sa réunion du 3 juillet, le conseil municipal de Belfort adoptait une motion qui demandait notamment que « GE verse cette somme et qu’une partie significative soit versée au Grand Belfort et à Tandem pour développer des projets industriels sur [la] région ». On parlait alors de 34 millions d’euros. Le 25 juillet, le sénateur Cédric Perrin, les députés Ian Boucard et Michel Zumkeller, le président du Département, Florian Bouquet, et Damien Meslot, maire de Belfort, rencontraient le ministre de l’Économie et des finances, Bruno Le Maire. A l’issue de ce rendez-vous, ils annonçaient qu’une partie de cette amende devrait être « redéployée sur Belfort afin de diversifier les activités industrielles du Territoire » et une autre « servirait à développer une nouvelle offre de formation et pourra être déployée pour aider les sous-traitants. »

Quel sera le montant de l’amende ?

Jusqu’à présent, on parle de 34 millions d’euros d’amende pour General Electric. L’accord prévoyaient en effet 50 000 euros par emploi non créé. Aujourd’hui, certains considèrent que l’amende pourrait être de… 50 millions d’euros. Autrement dit, le solde d’emplois créés en France depuis le rachat d’Alstom énergie serait de zéro ! Une éventualité évoquée notamment par Philippe Petitcolin, secrétaire général adjoint (CFE-CGC) de General Electric-Energie production France, mais aussi par des acteurs économiques de la région. Le responsable syndical témoigne ainsi de nombreux départs actuellement du site de Belfort, soit des démissions, soit des ruptures conventionnelles. Interrogée sur ce sujet lors d’une rencontre avec la presse, la préfète du Territoire de Belfort, Sophie Élizeon, indiquait que cela dépendait du mode de calcul. Ce sera un des enjeux des semaines à venir. Pour l’instant, pas de commentaires du côté de GE Belfort. Rien de surprenant à cela : l’enjeu est important et les modes de calculs ne sont pas figés.

Que faire de cet argent ?

Lors de leur rencontre avec le ministre en juillet, les élus belfortains évoquaient une diversification des activités industrielles et une nouvelle offre de formation pour aider les sous-traitants. Sans plus de détails. Ce qui est certain, c’est que chacun pense aujourd’hui à la suite, qu’elles que soient les annonces de GE dans les semaines ou mois à venir, avec un fort enjeu pour les sous-traitants. « Nous travaillons étroitement en partenariat avec les acteurs économiques locaux (CCI, Vallée de l’Énergie), concernant la situation des fournisseurs en difficulté, afin de trouver avec eux des solutions », indiquait GE en réaction aux informations publiées jeudi par l’AFP. Le leitmotiv, c’est « diversification ». Certains évoquent une diversification de l’activité de GE à Belfort, d’autres du bassin industriel tout entier du nord Franche-Comté. Si le projet de site d’impression 3D annoncé en son temps par Jeff Immelt, ancien patron de GE, est désormais rangé au rayon des faux espoirs, du moins pour Belfort, chez GE, on souligne que Belfort est le site qui produit le plus de turbines à gaz au monde et le seul à produire la turbine Arabelle pour les centrales nucléaires.

La préfète du Territoire de Belfort, interrogée également sur ce sujet, soulignait que l’intersyndicale de GE Belfort avait formulé des propositions originales qui vont au-delà des classiques plans d’aide et de formation. Philippe Petitcolin, de son côté, évoque les énergies du futur, et notamment le stockage de l’hydrogène. Un axe de travail qui pourrait se baser sur les innovations développées par le laboratoire de recherche de l’UTBM Femto-Est et qui pourrait intéresser aussi Alstom et ses trains à hydrogène ou PSA et sous-traitants, pour les voitures de demain et d’après-demain. Et justement, l’Aire urbaine, via Pays de Montbéliard Agglomération, travaille sur le dossier de candidature au TIGA (Appel à manifestation d’intérêt Territoires d’innovation de grande ambition, lancé par l’État) : l’hydrogène est un axe de travail dans le cadre de ce projet.

Dominique Balduini, président de la Vallée de l’Énergie, évoque lui aussi cette piste. Et lui aussi entend jouer la collaboration avec GE. Il préfère d’ailleurs le terme de “compensation” à celui “d’amende” : « Il ne s’agit pas de punir GE, mais de voir avec eux comment réinjecter cette somme dans l’économie locale. » Certains sous-traitants sont d’ailleurs déjà engagés dans la diversification, ne serait-ce qu’en recrutant de nouveaux commerciaux pour rechercher de nouveaux marchés. Dans quel domaine ? Notamment l’aéronautique, où les technologies mises en œuvre pour la fabrication de turbines sont transposables. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui mettent le doigt sur la joint-venture en cours entre GE et Safran en Pologne pour une nouvelle usine de réacteurs. Pourquoi pas à Belfort s’interrogent-ils, tout en soulignant que l’État est actionnaire de Safran.

Qui va gérer le fruit de l’amende ?

« Tout le monde va vouloir se la mettre dans la poche », résume un des acteurs économiques de la région. Si le conseil municipal de Belfort mentionnait dans sa motion de juillet le Grand Belfort et Tandem, d’autres pistes sont évoquées par les uns et les autres. « Il faut jouer collectif », espère Dominique Balduini, le président de la Vallée de l’Énergie. Pas sûr qu’il soit entendu. Les élections municipales, à l’horizon 2020, pourraient venir parasiter le débat. L’échelle de l’affectation de la somme pourrait aussi faire débat : Belfort, le Grand Belfort, le département, l’Aire urbaine Belfort-Montbéliard ? Le choix est aussi lié à la nature des dispositifs aidés. La préfète du Territoire de Belfort indiquait quant à elle que le porteur serait choisi sur des critères d’efficacité dans l’utilisation des fonds, donc de leur affectation envisagée. On en revient à la question de la diversification. Mais elle souligne également que cela dépendra selon que les fonds seront considérés comme public ou privés. Le choix sera donc aussi juridique.

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