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Pour que donner la vie reste une joie, malgré le confinement [long format]

naissance coronavirus
naissance coronavirus

De la préparation à l’accouchement au retour à la maison, le confinement bouleverse l’attente et l’accueil du nouveau-né. Les professionnels doivent s’adapter, les parents et leurs familles aussi. Mais, comme le souligne une sage-femme, « la grossesse continue, la vie continue ».

De la préparation à l’accouchement au retour à la maison, le confinement bouleverse l’attente et l’accueil du nouveau-né. Les professionnels doivent s’adapter, les parents et leurs familles aussi. Mais, comme le souligne une sage-femme, « la grossesse continue, la vie continue ».

Donner naissance pendant cette période de confinement ? « Ce n’est pas simple, répond d’emblée un praticien hospitalier. Cela augmente le climat de stress des parents face à l’inconnu, qui est renforcé par l’épidémie ». À commencer par le séjour à l’hôpital pour l’accouchement. Certains hôpitaux en France ont purement et simplement interdit la présence de l’autre parent. L’hôpital Nord Franche-Comté a tenu à sauvegarder cette présence, mais en la limitant : le second parent peut assister à la naissance de l’enfant, n’a pas le droit de ressortir de la salle d’accouchement, sous peine de ne pas pouvoir y retourner. Il doit partir deux heures après et n’a pas droit de rendre visite à la maman ; le second parent est toutefois admis en cas de décès in utero ou d’interruption médicale de grossesse.

La vidéo pour permettre au second parent de participer à l'échographie

« Les mères se sentent désarmées à l’idée de ne pas avoir leur conjoint à leur côté. Le dispositif que nous avons mis en place est un compromis. La durée du séjour de la maman a été aussi réduite à 48 heures, dans les limites de la sécurité de la mère et de l’enfant. Les mères sortent avec un suivi par une sage-femme libérale », complète ce praticien. Et pendant la période où la maman reste seule à l’hôpital avec son nouveau-né, elle pallie l’absence de l’autre parent pas un recours au smartphone et aux conversations en vidéo.

Un maximum de précautions est pris par les soignants. Par exemple, les sages-femmes portent un masque pendant toute la durée de l’accouchement, et non plus seulement après le percement de la poche des eaux. En amont de l’accouchement ; le suivi a été réorganisé, de façon à limiter les rendez-vous et les contacts. Les échographies sont associées à des consultations nécessaires ; les consultations des 4e et 6e mois sont réalisées par télémédecine. Les préparations à l’accouchement ne sont plus pratiquées dans le dernier mois, à moins d’avoir recours à une sage-femme en consultation individuelle. Et le second parent n’est plus admis lors des échographies. « Nous avons mis en place un système de vidéo pour l’autre parent lors de l’échographie, de façon à remplacer le rituel de la couvade. »

Vérifier que le virus ne se transmet pas de la mère à l'enfant

Avec 3 000 à 3 300 accouchements par an, l’hôpital Nord-Franche-Comté, à Trévenans, réalise environ 10 accouchements par jour actuellement. Jusqu’à présent, seule une mère a été identifiée comme étant porteuse du coronavirus, mais 48 heures après l’accouchement. Les mamans ne sont pas testées, mais les symptômes comme la toux et la fièvre sont surveillés. L’hôpital Nord-Franche-Comté, à l’instar de l’hôpital de Mulhouse et des CHU de Besançon, Strasbourg, Nancy, Reims va intégrer un protocole de recherche destiné à vérifier que le SARS-CoV-2, le coronavirus responsable du covid-19, n’est pas transmissible de la mère à l’enfant. Il consistera en des prélèvements de placenta, de sang dans le cordon, et de test dans le nez du bébé pour vérifier la présence ou non du virus.

« La vie continue »

Hors de l’hôpital, les sages-femmes libérales et les gynécologues-obstétriciens poursuivent leur activité et leurs cabinets demeurent ouverts, avec un déploiement de précautions pour préserver aussi bien les patientes que les praticiens : espacement des rendez-vous d’au moins un quart d’heure pour éviter que les patientes ne se croisent et pour pouvoir désinfecter, lavage des mains, port de masques (malgré les difficultés à s’en procurer).

Isabelle, qui est sage-femme dans le nord Franche-Comté, insiste sur l’ouverture des cabinets de sages-femmes malgré le confinement. « Nous sommes toujours là pour accompagner les mamans, mais aussi pour les consultations d’IVG ou la contraception. Il faut aussi savoir que la possibilité qu’ont les pharmacies de renouveler les ordonnances jusqu’à fin mai concerne aussi la contraception. »

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Actuellement, l'hôpital Nord-Franche-Comté réalise jusqu'à 10 accouchements par jour. Chaque année, 3000 à 3300 enfants naissent à Trévenans

Reste que les consultations en cabinet sont réservées aux situations urgentes. Isabelle a donc eu très rapidement recours à la téléconsultation, d’abord avec un système qui est utilisé en région Rhône-Alpes, puis avec un système par la suite proposé par l’ARS de Bourgogne-Franche-Comté. « C’est étrange de faire du télétravail dans ce domaine-là, mais au moins, on les voit. D’emblée, les mamans ont été pour et ont apprécié. Cela permet de les rassurer, surtout dans le contexte de l’épidémie. Cela permet de leur transmettre les prescriptions de sécurité. Parfois, elles disposent d’une balance, d’un tensiomètre ; il arrive même qu’on puisse leur faire remplir leur dossier de suivi. On essaye d’amortir les conséquences que vont avoir les règles liées au confinement : on informe, on rassure en mettant en sécurité et on maintient l’accompagnement. »

Elle utilise aussi la téléconsultation pour les préparations à l’accouchement. « C’est un grand soulagement pour les patientes. Cela permet de se préparer au mieux, de se tenir au courant de ce qui est mis en place à l’hôpital autour de l’accouchement, comme la présence du père ou non. La grossesse continue ; la vie continue ».

« Le plus dur, c'est pour les grands-parents »

Julie va donner naissance à son premier enfant autour du 20 avril, date prévue du terme. « Mon espoir est de tenir jusqu’au 15 avril, date annoncée pour l’instant pour la fin du confinement, pour que le papa assiste complètement au travail. » En effet, depuis quelques semaines, le second parent n’est plus autorisé pour le début du travail et n’accompagne la maman que pour la naissance proprement dite. Même si, en son for intérieur, elle s’attend à ce que le confinement soit repoussé. « Je n’avais pas imaginé ce contexte-là, mais c’est un mal pour un bien, relève Julie. On se prépare et on l’accepte de mieux en mieux. Au départ, on nous a dit qu’il ne pourrait pas y avoir de cours de préparation ; ça a été un coup de massue. Notre sage-femme s’est montrée rassurante et elle s’est débrouillée pour mettre en place une solution de téléconsultation. Ce n’est pas comme en groupe ; les questions ne viennent pas aussi facilement. Mais c’est là que l’on touche du doigt l’utilité des nouvelles technologies. Pour nous ça, a été un soulagement. On a toutes été ravies. »

Et le futur papa ? « Il l’a mieux pris que moi. Mais tant qu’il peut assister à l’accouchement, ça va ; c’est mieux que rien. » Si le confinement est prolongé au-delà du 15 avril, Julie espère surtout que les restrictions ne seront pas durcies : elle tient à cet accouchement à deux. Et les deux jours seule en chambre ne l’inquiètent pas, grâce à la vidéo : « Ça permet de l’accepter plus facilement ». « La vraie frustration, c’est pour les grands-parents, qui se demandent quand ils pourront voir et porter leur petit-fils ».

Aurore et Didier sont les parents de Margot depuis le 31 mars. L’accouchement s’est donc déroulé quinze jours après le début du confinement. À cette date-là, il n’était déjà plus question que le père reste à l’hôpital après l’accouchement, pas plus que les visites n’étaient autorisées. « Mais on y était préparés, souligne Aurore. On était déjà contents que le papa puisse être là pour l’accouchement. » Isabelle, leur sage-femme, était venue deux fois à domicile, avec toutes les précautions que cela imposait. « Je devais sortir de la maison avec ma fille et je ne pouvais discuter après avec elle qu’à l’extérieur, en restant à distance, se souvient Didier. On a pris toutes les précautions pour éviter les contacts. »

"C'est étrange de faire du télétravail dans ce domaine-là, mais au moins, on les voit. D'emblée, les mamans ont été pour et ont apprécié. Cela permet de les rassurer, surtout dans le contexte de l'épidémie. Cela permet de leur transmettre les prescriptions de sécurité"
Isabelle, sage-femme

Dans leur cas, l’expérience a été un atout pour gérer le temps autour de l’accouchement. Ainsi, ils ne se sont pas précipités pour aller à l’hôpital. « On a attendu le dernier moment pour partir, raconte Didier. Les contractions ont commencé à 1 h ; on est partis à 5 h ». À l’hôpital, le papa a pu entrer en salle d’accouchement pour assister à la naissance de son enfant. « Après, je n’avais pas droit aux visites, explique Aurore, mais j’ai eu plus d’appels que pour notre premier enfant. Les gens avaient plus de temps, puisqu’ils étaient confinés. Et puis, tout le personnel hospitalier a été vraiment génial : ils étaient aux petits soins ».

« Le plus dur, c’est pour les grands-parents », soulignent-ils tous les deux. « Ma mère a 72 ans. Je lui ai installé une webcam et on a fait quelques conversations avec Messenger avant l’accouchement. C’est dur pour eux, mais on se dit qu’on n’a pas le choix et que c’est pour que tout le monde puisse en profiter dans les années à venir. Mais c’est vrai que c’est dommage : c’est là qu’un bébé change le plus. » Reste qu’Aurore et Didier positivent : « Comme on est ensemble tous les quatre, on essaye d’en profiter à fond. »

Pour les libéraux, trouver des masques, c'est la galère

Lorsqu’il évoque la question des masques, ce médecin libéral du nord Franche-Comté a du mal à contenir sa colère. Il connaissait Jean-Marie Boegle, le gynécologue-obstétricien de Mulhouse, âgé de 66 ans, décédé après avoir contracté le virus auprès de l’une de ses patientes. Un collègue qu’il avait connu lors de ses études, qu’il avait continué à croiser lors de séminaires et pour lequel il avait une grande estime. Avec le manque de masques chez les praticiens en ville, il redoute des cas et des décès, dans les jours et semaines à venir, parmi les médecins. « Les choses se sont un peu arrangées depuis le 15 mars, où je parviens à m’organiser avec des pharmacies pour obtenir ma dotation de masques, soit six masques chirurgicaux et six FFP2 par semaine », explique-t-il.
Et avant ? Avant, il s’est débrouillé avec une petite réserve de masques distribués sous le ministère de Roselyne Bachelot à la Santé, alors qu’on craignait une épidémie de grippe H1N1. « À priori, ils sont périmés, mais comme je les ai conservés dans un lieu sec et dans leur emballage, c’est mieux que rien. » Même discours chez cette sage-femme libérale du nord Franche-Comté. « Ça commence à s’améliorer, concède-t-elle, mais pas de blouse, ni de charlottes dans l’éventualité ou une patiente serait infectée. » La première dotation était de six masques par semaine, alors qu’un masque n’est utilisable que quatre heures. Puis la dotation est passée à dix-huit, mais la consigne a eu du mal à parvenir à certaines pharmacies, regrette-t-elle. Pour la première fois cette semaine, elle a obtenu sa dotation normale. En attendant la solidarité à joué : entre les vingt ou vingt-cinq sages-femmes libérales du secteur, parfois avec des patients qui avaient des masques, ou grâce à des dons d’entreprises.

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