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L’établissement français du sang voit rouge pour 2023

L’établissement français du sang encourage le don de plasma
Les manques de moyens s'accumulent pour l'EFS, notamment pour 2023. | ©Le Trois - TQ​
Manque de dons, manque de personnel, manque de moyens financiers : pour l’établissement français du sang (EFS), les difficultés s’amoncellent pour cette fin d’année 2022. Et inquiètent pour l’année 2023.

Les problèmes se superposent à l’EFS (établissement français du sang), en cette fin d’année 2022. La structure rencontre des difficultés de plusieurs ordres. Le premier : un manque de dons. 1 500 dons manquent à l’appel chaque jour.  « À quelques jours des fêtes de fin d’année, l’établissement français du sang dresse un constat alarmant : la fréquentation sur les collectes de sang est en forte baisse sur l’ensemble du territoire, et notre région Bourgogne-Franche-Comté n’échappe pas à la règle… La semaine dernière dans la région, près de 600 poches manquaient à l’appel », s’inquiétait la structure le 23 décembre dernier. Elle appelle à se rendre en collecte encore pendant et après les fêtes. 

Hélas, le manque de dons n’est pas le seul problème. Des délégués syndicaux et l’union départementale 90 de la fédération française des donneurs de sang bénévole ont alerté Florian Chauche, député de la 2e circonscription du Territoire de Belfort, qui les a rencontrés le mercredi 21 décembre. Le député raconte, quelques heures après sa rencontre :  « Ils m’ont sollicité car l’EFS ne dispose toujours pas de budget pour l’année 2023. Et près de 90 millions sont manquants.» La cause de ce déficit : le choc inflationniste, un besoin de mise à niveau des salaires,  mais aussi une diminution des cessions de produits sanguins. 

« Rien que pour les salaires, il leur manque 30 millions pour les augmenter », explique Florian Chauche. Contacté par téléphone, Benoît Lemercier, délégué syndical central de la CFDT à l’EFS, revient sur les problèmes que rencontre l’établissement. « En 2023, si l’Etat ne nous alloue pas les moyens nécessaires, notre trésorerie sera asséchée au point de disparaître d’ici juillet 2023. Et notre capacité d’auto-financement sera réduite à zéro.» Une mission diligentée par l’inspection générale des affaires sociales qui sera menée début 2023 doit permettre d’ici avril d’analyser un modèle économique nouveau, viable pour l’EFS. Et qui permettra d’estimer les besoins financiers nécessaires pour que l’établissement fonctionne (volet salarial compris). « Cela fait peu de mois pour ensuite mettre en application avant que l’on soit à cours ! », s’insurge le délégué syndical. 

Il rappelle les besoins : 30 millions pour faire face à l’inflation, 30 millions pour rénover la classification et les rémunérations, et 30 millions pour compenser la baisse de cession des produits sanguins labiles. Pour le moment, le ministre du Budget a confirmé à l’EFS « 10 millions d’euros supplémentaires et une revalorisation des produits sanguins labiles de 3%. Nous sommes loin du compte », explique Benoît Lemercier. 

Cercle vicieux

Si l’EFS demande 30 millions pour compenser la baisse de cession des produits de sang labile, c’est parce qu’elle a dû annuler, en France, environ 2 000 collectes, faute d’effectifs suffisants – soit un manque à gagner d’environ 150 000 poches. 

En France, 300 postes ne sont pas pourvus. Parce que les conditions de travail sont toujours « plus difficiles » et les salaires « peu attractifs », rappelait Florian Chauche lors d’un entretien. Dans la région Bourgogne-Franche-Comté, 14 postes ne sont pas pourvus, dont 8 pour des activités de prélèvement. Cela affecte les conditions de travail pour l’ensemble du personnel de l’EFS. Et rend difficile l’activité normale des collectes (annulation des rendez-vous, suppression de collectes mobiles…).  « C’est un cercle vicieux », analyse le député. « Car comme il y a moins de personnel, il y a aussi moins de collectes. Et qui dit moins de collectes, dit moins de rentrées d’argent.» Des données que confirme Benoît Lemercier, qui s’inquiète que les donneurs finissent par se lasser de ces situations. « Ils viennent une fois, deux fois, mais si les établissements ne sont pas en capacité de recueillir les dons plusieurs fois, ils ne viendront plus. Il n’y a pas qu’une pénurie de donneurs. Au contraire. Le souci, c’est surtout le personnel pour collecter les dons.»

Pénalités en prime

Par téléphone, le délégué syndical fait remarquer que l’établissement français du sang se rémunère en cédant les produits sanguins labiles aux établissements de santé selon un prix fixé tous les ans par l’Etat en fonction des besoins des hôpitaux et des cliniques qui en font la demande. Et le plasma, matière première, est vendu au laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB) avec des prix « moitié moins par rapport au prix moyen sur le marché mondial », explique le délégué syndical. . « Le LFB est une société anonyme financée par l’Etat. Et lorsque l’EFS n’arrive pas à fournir la demande, l’établissement peut avoir des pénalités financières », complète-t-il. C’est le cas cette année : l’EFS n’a pas répondu aux objectifs de prélèvements fixés par la convention avec le LFB. « À ce titre, elle pourrait verser deux millions d’euros de pénalités en 2022. Un comble », souffle-t-il. 

Le 29 novembre, Florian Chauche a posé une question écrite au gouvernement pour répondre à « la situation alarmante de l’établissement français du sang ». Il n’a pas encore obtenu de réponse (voir ci-joint le pdf). En Bourgogne-Franche-Comté, il rapporte que 110 collectes ont été annulées en 2022, 82 en raison du manque de personnel. Mais aussi parce que 3 600 donneurs ont été empêchés de donner en raison du manque de personnel. 

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