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Bruno Vermot-Desroches : « Les dégâts à venir seront de plus en plus importants »

Une dégradation orageuse va balayer une moitié sud-est du nord-est de la France avec des rafales de vent, de fortes pluies et de la grêle
Une dégradation orageuse va balayer une moitié sud-est du nord-est de la France avec des rafales de vent, de fortes pluies et de la grêle

Bruno Vermot Desroches, responsable du centre Météo France de Bourgogne-Franche-Comté, décrypte par téléphone l’épisode orageux de ce dimanche 26 juin, qui a causé de nombreux dégâts dans le Nord Franche-Comté. 

Bruno Vermot Desroches, responsable du centre Météo France de Bourgogne-Franche-Comté, décrypte par téléphone l’épisode orageux de ce dimanche 26 juin, qui a causé de nombreux dégâts dans le nord Franche-Comté. Si l’on ne peut pas dire que l’épisode est directement lié au dérèglement climatique, il est par contre certain que celui-ci va provoquer plus fréquemment et de manière plus intense ce type d’évènements.

Dimanche 26 juin, un épisode orageux a fait de nombreux dégâts dans le nord Franche-Comté. Peut-on considérer que cet épisode, d’une grande intensité, est dû au dérèglement climatique ? 

Nous ne pouvons pas être certains que l’épisode d’hier est dû au dérèglement climatique. Des orages violents, il y en a toujours eu. Pour autant, ça ne veut pas dire que son intensité n’est pas liée au dérèglement climatique. Seulement, notre difficulté est que nous avons peu d’historiques fiables par rapport à il y a 100 ans. Nous n’avons pas du tout le même matériel de mesure que dans les années 70 ou 80 par exemple, ce qui fait qu’on peut difficilement savoir si les orages étaient moins violents avant, et s’ils sont plus violents aujourd’hui. 

En plus, l’orage a un caractère très aléatoire Les tendances sont difficiles à cerner. Par exemple, sur les dernières années, nous avons eu un été 2021 frais avec des précipitations, les trois d’avant étaient plutôt secs. Alors qu’en 2017, nous avions eu de gros orages en juin aussi. Ce n’est que décennie par décennie que l’on décèle des tendances. 

Dans le rapport du Giec, il est écrit que chaque degré supplémentaire de réchauffement équivaut à une augmentation de 7% des précipitations lors des tempêtes et orages. Est-ce que vous avez pu déceler une dynamique sur les dernières années qui va dans le sens du rapport ?  

Même s’il est difficile de tout quantifier, comme je le disais, il n’en reste pas moins que le réchauffement est avéré. Les 7%, c’est à peu près ce que l’on constate.  Il fait de plus en plus chaud et les moyennes de précipitations augmentent. Les événements deviennent plus fréquents et plus intenses, on le voit bien. Dans nos projections, on distingue que les épisodes de pluies seront plus intenses et plus violents dans les 50 prochaines années. C’est ce qu’on pressent, s’accompagnant de dégâts qui seront de plus en plus importants. Notamment à cause des inondations. 

Justement, concernant les précipitations, des épisodes de pluies comme celui d’hier permettent-ils de pallier la sécheresse des sols liés aux épisodes caniculaires ?

Non. Prenons l’exemple d’une éponge. Lorsqu’elle est humide, l’eau s’infiltre facilement. Par contre, lorsqu’elle est desséchée, si on renverse une grande quantité d’eau dessus, une grande partie va ruisseler sans s’infiltrer. C’est le même principe pour un sol très sec. Si un épisode météorologique de pluie est trop violent, l’eau ruisselle et ne s’infiltre pas assez (d’où le risque d’inondations dans les 50 prochaines années, ndlr). 

Il y a aussi ce qu’on appelle la période de recharge. De septembre à mars, la pluie descend efficacement dans la terre notamment grâce à la végétation qui vapo-transpire comme elle est au ralenti. Mais dès le mois de mars, la végétation a besoin de plus d’eau. Les racines absorbent tout. Rien ne descend ou de manière superficielle. Sauf s’il y a une semaine de mauvais temps et de pluie en continu. 

D’ailleurs, on entend souvent qu’il pleut moins, mais c’est faux. Il pleut autant, même plus. Mais vu qu’il fait plus chaud, la végétation a besoin de plus d’eau. Aujourd’hui, le sol est aussi sec en 15 jours qu’autrefois lorsqu’il ne pleuvait pas pendant trois semaines. 

Outre la pluie, il y a aussi la grêle. Hier, beaucoup ont envoyé des photos avec des grêlons de la taille de balles de golf. Comment l’expliquer ? 

Il faut déjà comprendre comment se forme un grêlon. La grêle est un phénomène de congélation d’eau liquide. C’est une goutte d’eau qui remonte en altitude (produite par l’air chaud riche en eau) grâce à la force verticale d’un nuage, qui arrive à le faire monter très haut à plus de 80 km/h. Il arrive que la goutte d’eau retombe, puis remonte. S’entrechoque avec un autre grêlon, puis s’agglomère.  C’est comme cela que l’on trouve des grêlons de 5 ou 6 centimètres. D’ailleurs, c’est par le même procédé que l’on explique la foudre. Lorsque deux grêlons s’entrechoquent et se frottent dans un nuage, des particules s’arrachent : ce qui crée de l’électricité statistique et génère la foudre.

Ce qui cause ce phénomène, c’est la différence de température chaud/froid. Prenons l’exemple d’une montgolfière. Plus elle est soumise à la chaleur, plus elle monte vite. C’est le même principe pour les gouttelettes qui remontent et qui deviennent des grêlons (une fois à une altitude où il fait entre 0 et -10°C).

La clef, commencer à adapter les habitations et véhicules ? 

Oui, c’est même sûr. PSA a déjà commencé en mettant des panneaux photovoltaïques pour protéger les automobiles en dessous après deux épisodes climatiques où ils ont eu des dégâts. L’adaptation, c’est aussi surtout pour l’agriculture. Avec les années, il faudra certainement trouver des solutions avec des filets pour protéger les cultures Et aussi souscrire à des assurances, de plus en plus. Même si ça coûte un peu…

De nombreux dégâts dans Belfort

Ce lundi, les voitures étaient criblées de bosses et d’impacts sur les pare-brises, dans le secteur du marché des Vosges à Belfort. Au sol, un peu partout, branches et feuillages jonchent le sol. Premier bilan au matin : celui des sapeurs-pompiers du Doubs, qui recensent une cinquantaine d’interventions liées aux phénomènes climatiques, sur 23 communes. 45 soldats du feu  ont été mobilisés pour environ 300 appels sur la période de 21h30 à 0h30. À Belfort, Alstom, Auchan Bessoncourt, l’école maternelle Pauline-Kergomard…. Toutes ces infrastructures ont été fermées à cause des dégâts liés à la grêle. La mairie indique que tous les agents sont mobilisés pour nettoyer les squares et espaces verts, fermés ce jour. On recense un blessé grave, frappé par la foudre dans la soirée de dimanche. 

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