Le Trois –

Benoît Cornu appelle à une « vision globale » sur le bassin de Champagney

Benoît Cornu se prononce sur le projet de captage d'eau dans le bassin de Champagney
Benoît Cornu, maire de Ronchamp, président de la communauté de communes Rahin et Chérimont.

L’étude du Grand Belfort pour regarder la faisabilité de puiser dans le bassin de Champagney pour diversifier son approvisionnement en eau potable n’est pas sans générer des inquiétudes en Haute-Saône. Les acteurs regrettent de ne pas avoir été associés à la démarche. Benoît Cornu, maire de Ronchamp et président de la communauté de communes Rahin et Chérimont, livre son analyse. Et invite à une réflexion globale.

L’étude du Grand Belfort pour regarder la faisabilité de puiser dans le bassin de Champagney pour diversifier son approvisionnement en eau potable n’est pas sans générer des inquiétudes en Haute-Saône. Les acteurs regrettent de ne pas avoir été associés à la démarche. Benoît Cornu, maire de Ronchamp et président de la communauté de communes Rahin et Chérimont, livre son analyse. Et invite à une réflexion globale.

Vous avez manifesté votre inquiétude concernant l’étude commandée par le Grand Belfort sur l’opportunité de prélever de l’eau dans le bassin de Champagney pour approvisionner les réseaux d’eau potable…

Nous avions déjà entendu parler de cette étude l’année dernière avec ma collègue Marie-Claire Faivre, maire de Champagney, et Michel Claudel, le président du syndicat intercommunal d’alimentation en eau potable de Champagney. Il s’agirait d’une étude menée sur une possible alimentation en eau potable du Grand Belfort par l’eau du bassin. Première inquiétude : on monte une étude sans même contacter les élus du secteur concerné. Pourquoi ne pas venir discuter avec nous ? Effectivement, il y a des possibilités sur le bassin de Champagney, mais pourquoi cela irait automatiquement au Grand Belfort… À partir du moment où nous avons cette impression de ne pas être tenus au courant, forcément, ça pose des questions et cela suscite de l’inquiétude.

La communauté de communes Rahin et Chérimont s’alimente-t-elle à partir du bassin de Champagney ?

Personne aujourd’hui ne s’alimente en eau potable avec l’eau du bassin de Champagney. L’eau du bassin provient du Rahin (qui fait 50,5 km, NDLR). La rivière part de Plancher-les-Mines, passe à Plancher-Bas, Champagney, Ronchamp et rejoint l’Ognon aux Aynans, à côté de Lure. L’eau du bassin est captée sur le Rahin. En dehors de la plaisance, de la pêche et du tourisme, l’eau du bassin n’a aucune utilité.

Pourquoi le barrage a-t-il été construit ?

Ce bassin est une retenue d’eau conçue initialement pour alimenter le canal Rhin-Rhône. Mais cela n’a pas abouti. La retenue est toujours là, avec un édifice – le barrage – qui est magnifique et unique en Europe. Il a un attrait patrimonial important. La prise d’eau du bassin se fait sur le Rahin. Le trop-plein s’évacue dans un canal qui arrive à Châlonvillars. Cette eau alimente un écosystème.

« À partir du moment où nous avons cette impression de ne pas être tenus au courant, forcément, ça pose des questions et cela suscite de l’inquiétude »
Benoît Cornu se prononce sur le projet de captage d'eau dans le bassin de Champagney
Benoît Cornu
Maire de Ronchamp
Le bassin de Champagney est une retenue d'eau de 13 millions de m3.
Le bassin de Champagney est une retenue d'eau de 13 millions de m3 (©Le Trois – Thibault Quartier).

Perçoit-on les effets de la sécheresse sur le bassin de Champagney ?

C’est un bassin de 13 millions de m3 quand il est plein (En 2018, 6,4 millions de m3 d’eau potable ont été consommés par les habitants du Grand Belfort, NDLR). Actuellement, il est au deux tiers. Et nous observons les effets de la sécheresse. Si la Rahin est à un niveau trop bas, plus aucune eau ne part dans le bassin. On évoque [le prélèvement] de 3 à 4 m3 par an [par le Grand Belfort]. On peut se dire que ce n’est pas beaucoup, sur 13 m3 ; c’est quand même un quart du volume du bassin. Et ces 3 à 4 millions de m3, si on maintient le niveau du bassin tel qu’il est, il faudra bien les trouver quelque part et cela ne peut être que dans le Rahin. Et que devient le Rahin en aval de cette prise d’eau ? Cette année, nous avons déjà dû faire des pêches électriques à Champagney, à Ronchamp ; et le Rahin disparaissait parfois sur plusieurs kilomètres car il n’y avait plus suffisamment d’eau pour qu’elle reste en surface. Est-ce que cela a été pris en compte dans l’étude ? Du fait que nous ne sachions rien, nous nous interrogeons beaucoup. C’est le nœud du problème. Nous allons avoir une rencontre avec le président du Grand Belfort au cours de laquelle nous espérons bien avoir quelques informations.

Avez-vous une date pour cette rencontre ?

Oui. À la fin du mois (Benoît Cornu n’a pas voulu être plus précis).

« Nous ne sommes pas contre alimenter des populations avec l’eau du bassin, bien au contraire, mais d’une façon raisonnée et raisonnable »
Benoît Cornu se prononce sur le projet de captage d'eau dans le bassin de Champagney
Benoît Cornu
Maire de Ronchamp

Comment votre territoire s’alimente-t-il en eau potable aujourd’hui ?

Nous avons des captages dans la forêt Saint-Antoine, à Plancher-les-Mines. Et nous avons un captage aussi en amont de la prise d’eau du bassin de Champagney, à proximité du Rahin. Cette nappe phréatique communique avec le Rahin. Ce captage était à sec cette année. Nous avons aussi des eaux de source dans la montagne de Ronchamp ; elles ont bien fonctionné cet été et elles ont permis de compenser ce qui manquait ailleurs.

On lit régulièrement dans les communications de la préfecture de Haute-Saône des problèmes de qualité de l’eau…

Ici, non.

…mais aussi des problèmes d’approvisionnement en eau. Héricourt a par exemple été alimenté par des camions.

Héricourt n’a pas pu être alimenté à 100 % par le syndicat intercommunal d’alimentation en eau potable de Champagney, justement à cause de ce puits qui ne donnait plus.

« Nous avons des connaissances. Nous avons des savoir-faire. Nous avons des ressources. Ce que nous concevons mal, c’est de ne pas être au minimum consultés sur ce dossier »
Benoît Cornu se prononce sur le projet de captage d'eau dans le bassin de Champagney
Benoît Cornu
Maire de Ronchamp

Le Grand Belfort achète près de 30 % de son eau à Pays de Montbéliard Agglomération pour répondre à ses besoins. On observe une interconnexion de tous les territoires dans cette question. Pourtant, les réflexions semblent être menées à l’échelle de chaque collectivité… Ne serait-ce pas plus simple d’avoir une réflexion à l’échelle du bassin, en partant du ballon d’Alsace, en allant vers Montbéliard et en intégrant votre territoire ?

Il paraît que si la digue du barrage lâche – ce n’est pas ce qu’on souhaite ! – Héricourt serait inondé. Cela veut dire que la tendance de l’eau serait d’aller vers Héricourt, pas à Belfort. Avec des dispositifs techniques (gravitaires et pompes de relevage), on peut alimenter Belfort, d’accord. Mais l’idée, c’est peut-être de voir où l’eau part naturellement. Nous ne sommes pas contre alimenter des populations avec l’eau du bassin, bien au contraire, mais d’une façon raisonnée et raisonnable. Héricourt pourrait donc aussi bénéficier de cette manne. Il faut que la vision soit globale.

Le barrage du bassin de Champagney. Les travaux ont été lancés en 1882 (©Le Trois – Thibault Quartier).

Il y a un syndicat des eaux ici. Il y en a un dans le nord du Territoire de Belfort. Il y a le Grand Belfort ou PMA. Est-ce que tous ces acteurs se parlent ?

Tant qu’il n’y a pas de problème comme celui-ci ou de problèmes d’alimentation, chacun fait dans son coin. Après, d’une vallée à l’autre, c’est difficile ; quand l’eau est guidée dans une vallée, il n’y a pas de raison qu’elle en ressorte pour aller dans une autre. Dans notre syndicat d’eau – et cela nous a coûtés cher, aux usagers aussi – il y a eu beaucoup d’efforts sur le rendement ; il est supérieur à 80 % (dans le Grand Belfort, il était de 81 % en 2018, NDLR). Il y a très peu de fuites. Le syndicat est spécialisé dans les recherches de fuites. Des collectivités voisines appellent le syndicat des eaux pour que nous les aidions à trouver des fuites. Nous n’avons plus de canalisation en plomb non plus. D’un point de vue sanitaire, c’est un réseau qui est très bon. Nous avons des connaissances. Nous avons des savoir-faire. Nous avons des ressources. Ce que nous concevons mal, c’est de ne pas être au minimum consultés sur ce dossier. Nous ne sommes pas contre donner l’eau. Par contre, nous y faisons attention. Et nous avons l’impression que derrière, le Grand Belfort veut un développement à outrance de sa compétence économique, de son habitat. Ce qui irait à l’encontre de ce qu’on nous demande.

Le bassin, qui appartient aux Voies navigables de France (VNF), peut entrer dans une réflexion de l’eau potable et de son accès, mais en ayant une vision plus globale sur la consommation, la production et les acteurs. Est-ce cela votre analyse ?

Au pied du bassin de Champagney, il y a la commune de Frahier. Pourquoi ne pas alimenter les communes au pied du bassin plutôt que de tirer un tuyau tout droit vers Belfort. Cela permettrait d’économiser de l’eau par ailleurs et d’alimenter autrement d’autres communes. Il y a enfin le point de vue économique. Un litre d’eau qui arrive dans le bassin va-t-il être vendu par VNF, alors que nous, nous ne l’aurons pas vendu. L’étude du Grand Belfort aura le mérite d’exister et peut-être qu’elle sera un point d’appui pour avancer sur d’autres choses. Mais si nous ne sommes pas autour de la table pour en discuter, je ne vois pas comment c’est jouable.

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