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Belfort: ce qu’il faut retenir de la visite d’Emmanuel Macron à Alstom et GE en 2015 [RÉTRO]


Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, lors de sa visite à Belfort, le 28 mai 2015. | ©Thibault Quartier

NOTE AUX LECTEURS.- Nous republions in extenso un reportage de la visite d’Emmanuel Macron en 2015, alors ministre, au moment de la vente d’Alstom Power à General Electric. Pour mettre en résonnance les événements qui se nouent actuellement.

Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique était à Belfort ce jeudi 28 mai 2015. Il a visité les locaux d’Alstom Power, General electric et Alstom transport. Autant de dossiers sur lesquels il a tenté de rassurer élus et salariés. Concernant le rachat d’Alstom Power par le géant américain, des centres de décisions mondiaux sont attendus dans la Cité du Lion. Les sept informations à retenir.

1. Une opération communication millimétrée

« Ce fut une belle opération communication », dixit Alain Ogor, délégué CFDT à Alstom Power. Une visite millimétrée dans les ateliers d’Alstom Power, d’Alstom Transport et de GE. Des salariés sur le chemin du ministre pour serrer des mains. Des responsables des trois entreprises pour l’accompagner. Un parterre d’élus qui jouent des coudes pour se placer à ses côtés. Une meute de journalistes qui s’affolent pour prendre LA photo.

Ce jeudi 28 mai [2015, NDLR], Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique était en visite à Belfort. Son message ? Rassurer. « Vous pouvez compter sur moi », a-t-il glissé aux salariés d’Alstom transport, en conclusion de sa visite. Un cocktail parfait, même si, en tendant l’oreille du côté des organisateurs, il semblerait que le jeune ministre ne soit pas facilement contrôlable. Même si cette visite a été rondement menée, force est de constater qu’elle a satisfait les élus du Territoire. Et voir trois futurs Républicains (Damien Meslot, Florian Bouquet, Cédric Perrin) et Michel Zumkeller (UDI) applaudir aux annonces d’un ministre d’un gouvernement étiqueté socialiste, ce n’est pas rien

(De droite à gauche) Le député Michel Zumkeller, le maire et alors député Damien Meslot et le sénateur Cédric Perrin, aux côtés du ministre Emmanuel Macron, dans les locaux d’Alstom transport lors de sa visite du 28 mai 2015.

2. Un siège mondial autour de l’activité nucléaire

Dossier numéro 1 : le rachat d’Alstom Power par le géant américain. Le ministre a annoncé la création d’une co-entreprise entre General Electric et Alstom, nommée Geast, axée sur une activité nucléaire. Le siège mondial de cette structure sera installé à Belfort. Et dans cette nouvelle entreprise, l’Etat français dispose d’une action de souveraineté, « qui nous donne un droit de veto », explique le ministre. Notamment sur les décisions stratégiques de l’entreprise. Le nucléaire « est une filière d’avenir en France et à l’international », estime Emmanuel Macron, même s’il reconnaît que le marché pâtit d’erreurs techniques et stratégiques (le dossier Areva) et de la catastrophe de Fukushima. Une position reprise par Alain Ogor. Compte tenu de ce contexte, il estime même que le nucléaire n’est pas suffisant pour une activité productive à Belfort. « Il faut maintenant avoir des commandes pour avoir un impact », relève-t-il.

Les syndicats ont profité de la visite du ministre pour lui adresser des questions auxquelles les salariés attendent des réponses. Dans les accords, GE s’est engagé à créer 1 000 nouveaux emplois dans les trois ans en France. Alain Ogor estime qu’il y a encore des zones d’ombre dans ce dossier qu’il faut éclaircir.

« Vous pouvez compter sur moi »

Emmanuel Macron
Alors ministre de l’Économie

3. La production de la turbine Arabelle reste à Belfort

Autre annonce du dossier : l’installation d’un autre quartier général mondial à Belfort, celui de la turbine à vapeur. La production de la turbine à vapeur Arabelle est également confirmée à Belfort. Les propriétés intellectuelles de ces turbines, utilisées dans les installations nucléaires, « sont sécurisées », a également garanti le ministre. La technologie française ne pourra pas partir outre-atlantique. De son côté, le quartier général des turbines à gaz, déjà à Belfort, est également maintenu. L’installation d’un pôle de recherche et développement autour de la technologie des composites à matrice céramique pour la fabrication des ailettes des turbines, appelé de leurs vœux par les élus fin mars, « est toujours en cours de discussion », précise le ministre. EDF a aussi confirmé son investissement à hauteur de 350 000€ dans le projet Dynamène.

4. Le défi, maintenir (aussi) du manufacturing

Si le rachat se confirme, du travail pour les matières grises est garanti. Mais il faut également garantir au Territoire des emplois de production. « La grosse inquiétude, c’est l’activité manufacturing, confirme Alain Ogor. Il faut que nous récupérions la production des petits alternateurs Topak. » Selon le syndicaliste, GE a confirmé que tout ce qui peut être fait en interne au groupe, ce fera en interne.

« [Le nucléaire] est une filière d’avenir en France et à l’international »

Emmanuel Macron
Alors ministre de l’Économie.

Ces alternateurs resteront donc une production Alstom. Mais seront-ils produits à Belfort ou dans un autre site du groupe, notamment en Roumanie ? « Il y a une bataille entre les sites d’Alstom », confirme Alain Ogor. Et GE aura son mot à dire dans ce dossier, vital pour l’activité belfortaine. Signe de son importance, un alternateur a été installé à la sortie de l’usine pour le montrer au ministre après sa visite. Et vraisemblablement, ce n’était pas forcément prévu dans le programme ultra calibré.

5. Le siège installé au Techn’Hom ou à La JonXion ?

Avec ces annonces, les élus du Territoire sont aux anges. Des emplois. Un renforcement de GE à Belfort. « C’est la première fois depuis Bull que nous avons une implantation aussi importante dans le Territoire de Belfort », rappelle Damien Meslot, député et maire de Belfort, dans une conférence de presse qu’il a pilotée, à l’hôtel du Département… Les élus belfortains font du lobbying depuis des mois pour appuyer le dossier, alors que les tractations étaient nombreuses à l’intérieur même de General Electric. Ils ont proposé un projet clés en main pour construire ce nouveau centre mondial, via la société d’économie mixte patrimoniale (Sempat, aujourd’hui nommée TanDem, NDLR). Ils ont proposé deux sites d’installation, au Techn’Hom et à La JonXion. Sur ce dernier site, ils ont fait deux propositions: l’une pour un bâtiment de 11 900 m2, l’autre de 13 855 m2. Ces propositions seront évidemment discutées avec GE, selon ses besoins. L’idée était de montrer que les collectivités étaient prêtes pour l’accueil du géant américain. Le principe du projet est simple. La Sempat investit et construit les bâtiments avant que GE les loue à la société d’économie mixte. Les collectivités vont augmenter le capital de la Sempat, afin de répondre à ces projets. Un outil économique qui réalise aujourd’hui des bénéfices et redistribuent même des dividendes aux collectivités.

6. Bruxelles, clé de voûte du projet

Les annonces ont été nombreuses ce jeudi à Belfort, concernant le rachat d’Alstom Power par General Electric. Mais rien n’est définitif. « La seule chose qui manque aujourd’hui, c’est l’accord de la commission européenne », confient les élus du Territoire. La commission européenne a en effet ouvert une enquête en février sur ce rachat. Au nom des règles de la concurrence. Le rendu de ses conclusions est repoussé au 21 août. En attendant, rien n’est officiel. Le dossier serait composé de 57 000 pages, selon Michel Zumkeller. La décision de la commission est donc fondamentale et détermine l’avenir même de l’ensemble d’Alstom. Le ministre est toutefois optimiste sur son issue. Il ne comprendrait pas le refus. Et aujourd’hui, les élus doivent « continuer le lobbying et suivre l’application ».

7. Rassurer Alstom transport, Jean-Pierre Chevènement au conseil d’administration

C’était le 2e objet de la visite. Venir à la rencontre des salariés d’Alstom Transport, alors que les rumeurs de plan social se font insistantes depuis quelques mois. Premier élément, l’Etat a confirmé son entrée en capital. Il récupère déjà les voix de Bouygues au conseil d’administration, puis va les acquérir (20 %). C’est même Jean-Pierre Chevènement qui devrait entrer au conseil d’administration. Une voix importante pour le Territoire de Belfort. Le ministre n’exclut pas non plus de monter plus au capital si besoin, dans le futur.

Pour rassurer les troupes, Emmanuel Macron a annoncé le lancement de l’appel d’offre de la SNCF pour le TGV du futur. Alstom devrait y répondre en créant une co-entreprise avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Le constructeur va investir 50 millions d’euros et l’Ademe 100 millions, dans le cadre du plan investissements avenir. Aucune commande n’est assurée, mais des perspectives de 400 rames ­— dont 200 pour l’Hexagone — sont envisagées. On mettra déjà les bureaux d’études au travail. Le ministre va également se rendre aux États-Unis pour appuyer le dossier français concernant l’appel d’offre lancé par Amtrack concernant une ligne Washington-Boston. Aucune fabrication n’est toutefois prévue en France. Mais là encore, c’est du boulot pour l’engineering. D’autres projets de locomotives sont envisagés, par exemple en Suisse. « Il y a de vraies perspectives de production », précise le ministre, même si elles ne sont pas confirmées. 

« Partout à l’étranger, où l’on pourra vendre la filière française ferroviaire, je serai à vos côtés », a-t-il garanti. Un contrat stratégique autour de cette filière sera signé prochainement avec Alain Vidalies, secrétaire d’Etat chargé des transports, de la mer et de la pêche, afin de disposer d’une stratégie offensive pour faire face aux concurrents (Bombardiers, Siemens, le chinois CNR/CSR…). Cependant, une période difficile est à envisager à Alstom. Emmanuel Macron espère une sortie du tunnel vers 2017-2018, tout en visant l’objectif de zéro licenciement.

Emmanuel Macron, le 28 mai 2015, alors ministre, arrivant pour une visite officielle de General Electric, Alstom Power et Alstom Transport.

Même si ces annonces sont positives, Alain Ogor reste méfiant. « Il y a toujours des restructurations dans les tiroirs », confie-t-il, alors qu’Alstom Transport restera le dernier fleuron industriel du groupe après le rachat de la branche power par GE. Aujourd’hui, 530 salariés travaillent dans la branche transport. 80 personnes sont parties depuis août 2014, précise le syndicaliste. « Nous avons la garantie qu’Alstom transport perdurera. Mais avec quel effectif ? Pour quelle durée ? » questionne toujours Alain Ogor. Un syndicaliste qui reste donc méfiant, malgré les annonces. Il faut aujourd’hui continuer le travail pour transformer l’essai. « Mais ces annonces redonnent des perspectives que l’on n’avait pas au début », confie, de son côté, Damien Meslot. 

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