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Au sol, les JTAC guident les tirs des aéronefs de combat

Le lieutenant Pierre-Antoine est JTAC au 1er régiment d'artillerie de Bourogne.

Le 1er régiment d’artillerie de Bourogne a organisé, du 12 au 23 octobre, la 8e édition du Royal Blackhawk, une manœuvre interarmes, interarmées et interalliés. L’occasion d’éprouver les militaires, d’affiner la coordination et de travailler les procédures. Notamment celles des JTAC, chargés de coordonner les appuis feu des aéronefs de combat avec les troupes au sol. Nous avons suivi l’un d’entre eux, JTAC au sein du 1er régiment d’artillerie de Bourogne. Reportage.

Le 1er régiment d’artillerie de Bourogne a organisé, du 12 au 23 octobre, la 8e édition du Royal Blackhawk, une manœuvre interarmes, interarmées et interalliés. L’occasion d’éprouver les militaires, d’affiner la coordination et de travailler les procédures. Notamment celles des JTAC, chargés de coordonner les appuis feu des aéronefs de combat avec les troupes au sol. Nous avons suivi l’un d’entre eux, JTAC au sein du 1er régiment d’artillerie de Bourogne. Reportage.

Il est 10 h 50. La radio PRC du lieutenant Pierre-Antoine, du 1er régiment d’artillerie de Bourogne, grésille. De l’anglais résonne de l’appareil de communication. C’est la voix d’un pilote de chasse. Il indique la prochaine opération aérienne : un show of force au-dessus du village de La Prétière, non loin de L’Isle-sur-le-Doubs. Une manœuvre qui consiste à montrer à l’ennemi l’étendue de sa puissance. On entend résonner l’alphabet Otan. « Tango. Lima. » Puis le pilote indique les coordonnées. « One, four, zero degrees », énumère-t-il calmement. 140°. C’est la trajectoire de passage des deux mirages 2000 D qui vont fendre le ciel doubiste.

L’officier du détachement de liaison, d’observation et de coordination du 1er RA dégaine son smartphone attaché à sa poitrine et le positionne comme une tablette tactile devant lui ; il repose sur une petite plaquette qui s’apparente à un bureau portatif. Il regarde une carte militaire pour repérer la trajectoire indiquée. Puis montre à ses collègues d’où arriveront les avions et dans quelle direction ils iront. 11 h 05. Les deux mirages 2000 D survole à basse altitude le théâtre des opérations dans un souffle assourdissant, à la verticale de la centrale hydroélectrique et du stade de football du village. Mission accomplie.

« Aller au bout des choses »

Si le lieutenant Pierre-Antoine a pu expliquer à ses frères d’armes ce qui se passait, c’est qu’il occupe une fonction bien particulière au sein du régiment. Une fonction inscrite sur son plastron ; c’est un JTAC. JTAC, pour Joint Terminal Attack Controller. C’est un militaire chargé d’assurer la liaison radio avec les hélicoptères, les avions ou les pilotes de drone, pour fournir, depuis le sol, un appui feu ou des renseignements sur le terrain. Ce que l’on appelle, dans le jargon militaire, du close air support. « Le JTAC est responsable de toutes les actions feu [des avions, hélicoptères et drones] », détaille l’officier. « C’est l’appui au contact », poursuit-il. « Véritable passerelle entre les manœuvres terrestres et aériennes, les JTAC sont les “yeux et oreilles” du pilote au cœur des opérations aériennes », dit de ces soldats le ministère des Armées.

« Nous avons besoin de coordination fine car il y a des troupes au sol », souligne le lieutenant Pierre-Antoine pour illustrer l’importance de cette mission. Et les aéronefs ont, quant à eux, un grand besoin « d’informations du sol ». Selon l’unité dans laquelle est intégrée le JTAC, les missions sont plus ou moins « en profondeur » ou « avec les lignes aux contacts ». Les JTAC sont souvent des artilleurs car il maîtrise l’appui feu. « Je sais que tel aéronef a tel type de munition et peut faire tel type d’opération », détaille l’officier. Une maîtrise technique qui permet d’adapter la tactique des opérations.

La 8e édition du Royal Blackhawk

Royal Blackhawk a concerné 400 militaires français, américains, belges et britanniques du 12 au 23 octobre. Un exercice interarmes, interarmées et interalliés organisé par le 1er régiment d’artillerie de Bourogne, pour la 8e année. Ce mardi, 4 hélicoptères Apache, 2 hélicoptères Tigre, 2 HN90 Caïman, deux Chinook américains et 2 Blackhawk américains ont sillonné le ciel du Doubs et du Territoire de Belfort. En cette matinée, les militaires doivent neutraliser des ennemis retranchés dans le village de La Prétière, dans le cadre d’un exercice synthèse de 36 heures. Côté français, cette manœuvre a concerné des unités du 1er régiment d’artillerie de Bourogne, du 35e régiment d’infanterie de Belfort, du 19e régiment du génie de Besançon, du 2e régiment de Hussards de Haguenau, du 35e régiment d’artillerie parachutiste de Tarbe et le 68e régiment d’artillerie d’Afrique du camp de La Valbonne. Cette manœuvre d’envergure s’est terminée ce jeudi, avec le tir de 40 obus sur le terrain militaire de Valdahon.

Pour être JTAC, « il faut du sang-froid et être minutieux », relève le jeune officier, qui a rejoint au cours de l’été le Royal artillerie. « Il faut être sûr de soi et aller au bout des choses », insiste-t-il. Le moindre détail peut avoir une importance capitale. « Il ne faut rien laisser au hasard », souligne le lieutenant. Il faut faire remonter les bonnes informations pour adapter le tir à la situation : la présence de civils ; la présence de troupes au sol ; la volonté de limiter les dégâts matériel… Quelques jours plus tôt, ils ont par exemple travaillé de nuit. « C’est complexe », assure-t-il. Les premiers échanges permettent de cibler une zone de tir. Une énième vérification montrera que des militaires « amis » y sont stationnés ; le tir, fictif, a été annulé. « Il faut croiser les informations, assure le lieutenant Pierre-Antoine. Une fois que c’est lancé, c’est trop tard. »

Procédures communes

Le lieutenant Pierre-Antoine a suivi une cursus spécifique pour exercer cette mission. Après sa formation d’artilleurs, à Draguignan, il a suivi un stage de 8 semaines et a dû mémoriser un manuel de 250 pages de procédures. Qu’ils soient Français, Américain, Anglais ou Belges, les JTAC parlent le même langage et suivent les mêmes procédures : tactics, techniques & procedures, les TTPs, prononcées [ti-ti-piz]. « Elles sont communes à tous les JTAC de l’OTAN », explique le jeune officier. Elles permettent aussi de gagner du temps et d’appréhender le stress. Il a pu aussi intégrer cette formation parce qu’il avait un niveau suffisant en anglais. Le Royal Blackhawk permet justement d’ajuster ce travail en commun et de parfaire sa formation, terminée il y a quelques mois. « Le but est de renforcer l’interopérabilité entre les armées et les pays », poursuit le lieutenant Pierre-Antoine.

En écoutant sa radio PRC crépitée, on repère ce langage commun décrit par l’officier. Mais on entend aussi des différences dans les accents. « On travaille avec des Anglais et des Américains. Avec des accents et des vitesses d’expression différentes », confie le lieutenant Pierre-Antoine. Il faut s’adapter ; la maîtrise de la procédure, qui fait que l’on utilise très souvent le même langage, permet de se repérer plus facilement. À chaque information diffusée, le lieutenant Pierre-Antoine pianote sur son smartphone. « Notre corps, c’est notre espace de travail, sourit-il. Et on a tous nos petits trucs. » S’il a de nombreuses cartes en version numérique, il ne se détache pas non plus du traditionnel papier. « Il n’y a pas que des outils numériques, glisse-t-il, même si cela simplifie. » On n’est jamais à l’abri d’un problème de batterie ou d’une casse.

Coordonner

Après le show of force, le lieutenant Pierre-Antoine se charge avec son homologue britannique de caler les premières évacuations en hélicoptères des soldats. La zone d’évacuation est située en contrebas de l’usine hydroélectrique de la Prétière. « Nous nous assurons que l’hélicoptère se pose au bon endroit et que tout se passe en sécurité », explique-t-il. « Nous coordonnons les opérations car nous avons l’habitude de parler avec les 3D (les avions, hélicoptères, NDLR) », explique le lieutenant.

Il est 11 h 30. Deux hélicoptères NH90 Caïman se posent sur le terrain vague. Les deux hommes se concertent. Ils sont concentrés. Ils préparent les « sticks », c’est-à-dire les groupes de militaires désignés pour monter dans les hélicoptères. C’est eux qui donnent le go pour rejoindre les aéronefs, qui ne coupent pas leur moteur. Le souffle généré par la rotation des pales du rotor est impressionnant. L’opération prend moins de trois minutes entre l’atterrissage et le décollage. 11 h 40, les deux JTAC forment de nouveaux sticks, qui évacueront, cette fois-ci, à bord d’un Blackhawk américain. Le lieutenant Pierre-Antoine évacuera à 11 h 50, à bord d’un Chinook de l’US Army. Et un autre JTAC assurera la suite des opérations au sol.

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